raconter son histoire familial dans une biographie

Pourquoi écrire l’histoire de sa famille ?

5 avril 2018

 Ecrire l’histoire de sa famille

J’ai réussi à tordre le cou à l’adage « les cordonniers sont les plus mal chaussés », il y a deux ans seulement, quand j’ai choisi d’écrire la biographie de ma grand-mère.

Pourquoi écrire l’histoire de sa famille ?

Que cherche-t-on quand on choisit de faire sa biographie familiale ?

Que ressent-on quand on lit les souvenirs de ses grands-parents ?

Pourquoi ce besoin de connaître le passé de notre famille, de découvrir nos racines ?

Evidemment je me suis posée ce genre de questions quand j’ai décidé de créer Porte-plume. Mais c’est seulement en écrivant la biographie de ma grand-mère, en la partageant avec ma famille, et avec la distance des deux années qui viennent de s’écouler, que je peux vraiment répondre à ces interrogations.

Du temps avec nos grands-parents

La première chose que j’ai vraiment appréciée, c’est le temps que j’ai pu passer avec ma grand-mère, à deux, tranquillement. Evidemment je n’ai pas attendu de faire sa biographie pour lui parler ou la voir, mais nos rendez-vous pour la biographie restent pour moi des moments suspendus et uniques.

Ma grand-mère voulait qu’on se voit en fin de matinée parce que les souvenirs la remuaient trop et elle avait peur de ne pas pouvoir dormir si nous parlions les après-midis.

Nous avions donc rendez-vous. Sans mes parents, sans mes enfants, sans mes frères… juste toutes les deux.

Chaque étape pour faire son livre a été un moment précieux partagé avec elle.

Devenir une confidente

Ma grand-mère a tout de suite parlé. Et, alors qu’elle savait que j’enregistrais pour ensuite écrire son histoire et que cette histoire serait transmise à toute la famille, elle a parlé avec sincérité et a dévoilé ses profonds secrets. Pas tous j’imagine bien sûr (d’ailleurs elle me l’a dit à plusieurs reprises, « je ne peux pas tout te dire ») et je comprends très bien. Il est précieux notre jardin secret, ce n’était pas mon rôle de l’obliger à tout dire.

Mais ma grand-mère s’est livrée comme jamais. Parfois elle me disait « ça tu ne l’écris pas », comme si elle avait besoin de me confier ses pensées, de me transmettre certaines choses très intimes mais elle ne pouvait le faire avec toute la famille. C’était très touchant bien sûr. Et c’était si agréable de partager ce temps avec elle, de rentrer dans son intimité, d’avoir l’impression de mieux la connaître et de découvrir des aspects de sa vie que je ne connaissais pas.

Comprendre qui l’on est

Quand on découvre son histoire, quand on commence à comprendre la personnalité de nos anciens, on cherche, sans le vouloir vraiment, des échos avec notre vie. Et on en trouve. Comme si cela nous rassurait ou nous amusait de constater que certains traits de nos caractères nous ont été transmis en héritage. On aime se plonger dans le passé lointain de nos familles et on aime aussi je crois comprendre qui l’on est au regard de qui ils étaient.

Ça me rappelle la si belle chanson de Benjamin Biolay, Ton héritage

« Ça n’est pas ta faute
C’est ton héritage
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ça n’est pas ta faute
C’est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou… plutôt sans »

Des souvenir pour toujours

Aujourd’hui ma grand-mère a perdu sa mémoire, ses mots, son esprit, son recul… C’est arrivé soudainement et c’est si triste. Quand je l’ai vue il y a quelques mois et que je cherchais dans ses yeux ma grand-mère perdue, j’ai vu sur sa table de chevet sa biographie. L’infirmier à ses côtés l’avait lue. Il m’a remercié parce qu’il avait ainsi fait la connaissance de « la vraie Macha ». Celle qui n’est plus. Alors je me suis dit que ce livre je l’avais écrit pour moi bien sûr, mais aussi pour mes enfants et leurs enfants, pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance de partager ces merveilleux moments avec mon extraordinaire grand-mère. Parce que ça je ne vous l’ai pas dit, ma grand-mère était extraordinaire, et ce livre, face à une vieille dame qui se perd, reste là pour le prouver.